21 mars 2010

L’Audition ratée de Marielle, Dana et Payet

La semaine dernière je vous parlais d’une pièce qui touchait l’état de grâce, le genre de pièce qui vous fait aimer le théâtre. Qui vous transporte ailleurs.

Ici, ce n’est pas vraiment le cas. Même si en fait, si, elle vous transporte ailleurs… je veux dire dehors. Vite, hors du théâtre et qu’on ne m’y reprenne plus.

Ca ne fait jamais plaisir de parler en mal d’une œuvre. D’abord parce que tous ces gens y ont forcément mis d’eux-mêmes, de leur temps, de leur envi, de leur sueur, et que l’effort en général ça se valorise. Ensuite parce qu’un avis quel qu’il soit est foncièrement subjectif et soumis à plein de paramètres abstrait : l’humeur du moment, la pièce vu avant et qui sert d’étalon, le temps dehors, les gens qui sont dans la salle avec vous et ce qu’on va faire après… donc la critique est facile et l’art et difficile.

Mais quand même…

D’abord il faut dire que nous avons eu des places gratuites pour le spectacle via un site internet que tout le monde connaît et que donc je n’ai pas besoin de nommer, il n’a pas besoin de pub.

C’est un peu à double tranchant d’avoir des invitations pour une pièce. Soit cela veut dire que le théâtre développe une politique volontariste d’accès aux théâtres par le plus grand nombre (peu crédible… surtout quand on voit que les efforts des théâtres parisiens pour se rendre accessibles se limite à des places à 10€ les mardis, mercredis et jeudis pour les moins de 26 ans !! 10€ !!! Ok, c’est quasi l’équivalent maintenant d’une place de cinéma – quoi que pas tout à fait avec les abonnements ; les tarifs préférentiels des CE et les opérations du style « printemps du cinéma », on s’en tire facilement à 3-5€ la place voire moins), soit cela fait parti d’un plan auto-promotionnel qui consiste à dire : sur 10 personnes invitées, au moins une en dira du bien et donnera envi à d’autres personnes, qui donneront à leur tour envi à d’autres personnes, qui elles vont payer plein pot et nous rapporter plein d’argent (plus crédible !). C’est donc de la pub à moindre frais, sans grande campagne d’affichage très onéreuse. Même si souvent les deux vont de paire.

Soit un peu des deux, après tout, tout n’est jamais ni tout blanc ni tout noir, et la vérité se situe très certainement entre les deux.

Ce qui est terrible quand on a des places gratuites donc, c’est qu’on adhère tacitement à un contrat moral qui veut que, parce qu’on a rien déboursé pour voir la pièce, si on en parle c’est uniquement en bien. Mais en même temps c’est le jeu de cette stratégie d’auto-promo non ? Ca marche, uniquement si la pièce est bonne et donne envi aux gens de la recommander à leurs amis. Sinon, on n’a qu’à débourser les moyens qu’il faut pour faire venir les foules, hein ! Surtout que vu la clique de grand nom et le prestige du théâtre Edouard VII, n’allez pas me dire qu’ils n’ont pas de quoi financer tout ça.

Donc, c’est empreint de beaucoup de culpabilité crasse que je vous livre ma critique.

Et franchement, nous n’avons pas passé un bon moment.

L’affiche est alléchante pourtant. Marielle, à lui tout seul, pourrait justifier le déplacement. Dana quand à elle, est la comédienne-actrice du moment, dont tout le monde parle. Et Payet… on aime ou on n’aime pas, mais c’est un personnage médiatique donc, bon… la distribution fait que par curiosité au moins, on a envi d’aller voir la pièce.

L’histoire… l’histoire pourtant est plutôt alléchante. Autant que le casting, elle éveille la curiosité et ouvre la voix à une foule de possibilités sympatiques.



Trois acteurs, J-P Marielle, Audrey Dana, Manu Payet, sont convoqués pour une Audition. Malheureusement ils ne connaissent ni la pièce, ni leurs rôles!

Mais, d'ailleurs, sont-ils vraiment acteurs ?

Et sinon qui sont-ils ?

Ils vont vivre ainsi une suite d'aventures étranges et comiques, où même le Diable (Roger Dumas) les visitera.

Mais, est-ce vraiment le Diable ?



Avec autant d’interrogations, on brûle d’envi de courir au théâtre pour obtenir des réponses. Las… en vrai cette pièce n’a ni queue ni tête. On y voit effectivement trois acteurs un peu paumés, qui déambulent sur un plateau minimaliste, interprétant leur propre rôle plus ou moins : Marielle, le vieux sage avec son énorme expérience de loup ayant trop roulé sa bosse, sa carrière derrière lui et qui a du mal, beaucoup de mal à quitter la scène (subtilement évoqué par ses 3 fausses sorties finales… appuyées par une explication de texte à base de «ah ben vous voyez, ce que je viens de faire, ça s’appelle une fausse sortie… » Typiquement le genre de chose qui m’énerve… faire et pas commenter ce qu’on fait, les spectateurs ne sont pas stupides bon sang !!!) Payet en jeune premier mal assuré qui est là pour la première fois, jouant à merveille le type qui ne sait pas où se mettre et qui ne sait pas trop quoi faire de ses bras et de ses jambes, et de sa voix et de sa… donc on a compris qui est très convainquant en mauvais débutant. Quant à Dana, elle est la fraicheur de cette pièce, tout en grâce et en gravité, avec quelques rôles qui ont déjà fait parlé d’elle, mais pas encore le temps de s’être lassée du système, même si tous partage la même peur : celle de ne plus se faire appeler pour l’audition et de tomber dans l’oubli du monde.

Vous l’avez donc compris, cette pièce est une réflexion sur le statut de comédien, à travers trois incarnations prises à différents moments de leur carrière, et tente d’évoquer leurs peurs, leurs attentes, leurs désirs inavoués.

C’est franchement très intelligent, mais la sauce ne prend pas. C’est ennuyeux. Ca tourne en rond. Une fois les rôles exposés on ne sait pas trop où ils veulent en venir et on découvre avec agacement qu’en fait, nulle part. C’est abstrait et absurde, quand ça ne verse pas dans l’explication de texte rébarbative. Voilà la première fois où j’ai eu envi de quitter un théâtre avant la fin, c’est dire.

Quand aux seconds rôles… l’apparition de Roger Dumas en diable est pathétique, la petite midinette qui tangue sur ses talons haut de 15 cm avec sa voix haut perchées m’a provoqué un ulcère (et qu’est-ce qu’elle joue mal mon dieu, qu’est-ce qu’elle joue mal !!!) quand au pseudo directeur de théâtre, il ne sert à rien. D’ailleurs tout trois ne servent à rien à part habiller un peu la pièce. Pari perdu.

Dommage… dommage parce que l’idée est bonne et le metteur en scène s’est donné les moyens avec la pléiade de bons comédiens à sa disposition, de réussir sa pièce. Il a juste oublié d’écrire une bonne pièce.

Dommage.

Allez-y pour le théâtre Edouard VII qui est magnifique et pour me donner tort.

Pour réserver c'est ici.

Bon dimanche !

3 commentaires:

  1. Totalement d'accord avec vous. Et si pour ma part, je n'ai pas eu spécialement enviE de partir (mais étant au milieu du 5ème rang, cela aurait été difficile à mettre en exécution) mais j'ai dû lutter pour ne pas dormir. Et j'ai bien failli ne pas applaudir du tout, ce qui ne m'était jamais arrivé avant (ah si je n'avais pas été à ce fameux milieu du 5ème rang...), alors je me suis contentée de faire semblant.

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  2. Ouf! Je commençais à croire que j'étais la seule à ne pas avoir aimé la pièce. La critique est assez bonne (sauf rare exception) et les applaudissements à la fin de la pièce, nourris... oui, on se demande pourquoi Marielle est allé se fourvoyer là dedans, surtout que ce ne sont certainement pas les propositions qui doivent lui manquer

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  3. Je vous rassure on est plein comme vous avoir une sale impression de perte de temps... et d'argent pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'avoir des places gratuites.
    Quand je pense à cet état dans lequel je me suis trouvé à plusieurs reprise en quittant l'E VII après y avoir applaudi des monstres, Arditi en tête !... Mais là, rien. Ou si, peut-être la faim après 2 heures à lutter contre l'endormissement.
    Un mauvais pretexte pour faire monter Marielle sur scène...
    Heureusement que Payet et Dana sont là pour exister un peu.

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