12 mai 2010

Mignonne, allons voir si la pivoine

Je suis une cible publicitaire facile.

Il suffit qu’on me balance un mail un minimum bien tourné, qui me donne l’impression d’être l’élue du cœur de la chef de com’ pour que je décroche mon téléphone et qu’on parte bras dessus, bras dessous, avec une amie, pour aller jouer les cobayes au fin fond du 7ème. De vraies petites guerrières ! Oui, je sais, si on considère que les chauffeurs de bus d’Aulnay se font tabasser, le 7ème ça peut effrayer, mais heureusement que notre chère Rachida, attachée depuis foooooooooooooooort longtemps aux intérêts de ce lieu clef de Paris, trouve 2 minutes pour lâcher son portable à la descente du Thalys pour nettoyer tout ce grabuge.


Je sens bien que je te perds, ami lecteur, et j’arrête donc là le délire sur le 7ème, mais ne résiste pas (chacun ses vices) à te laisser cette petite citation glanée lors des municipales 2008, car comme dirait une militante du 7ème arrondissement gagné d’avance : « Ici, on pourrait faire élire un balai UMP ».


J’en rie encore.


Je suis une cible humoristique facile.



Bref, quel événement fabuleux, nous amenait moi et ma coupine à braver la jungle urbaine ? C’est très simple, je vous laisse juger :



Vous, une coupe de champagne à la main, pendant que votre maquilleuse attitrée vous transforme en belle de nuit. Surgit alors un sublime inconnu qui vous couvre de fleurs.
Ne rêvez pas. Pour l'inconnu on ne peut rien faire, mais pour le reste... on a une petite solution.
L'OCCITANE invite les lectrices de xxx à une séance privilégiée de maquillage dans ses boutiques : des expertes vous feront tester en avant-première la toute nouvelle collection de maquillage Pivoine, le tout accompagné d'une coupe de champagne.



Petite explication de texte, que je rentabilise un peu mes longues années à user les bancs de l’école publique. Il y a dans ce paragraphe, deux mots clefs, mettant l’emphase sur la substantifique moelle de cette proposition : invite et champagne. Voilà… vous avez compris où ils m’ont piégé.

L’Occitane, j’avoue que je connais peu ou pas. De nom, comme tout le monde. Je fabriquais même des bougies pour eux, lors d’un lointain job d’été, mais de là à m’enduire de crème à l’amande, il y avait un grand pas que je n’avais jamais franchi. Etant originaire de la région sud est, cette marque évoquait pour moi la Provence de pacotille, à base de lavande bon marché sous des noms pompeux, pour nordiste en mal de soleil.


Je ne m’attendais donc pas à être transcendée par cette petite séance de maquillage, surtout que, vous commencez à vous en douter, je ne suis pas du genre à passer trois heures le matin à appliquer 3 couches de fond de teint, même pour cacher mes lunettes de cerne et mon teint bidet.


Après accueil très chaleureux, à base de champagne un peu tiède dans un gobelet en plastique, de petits macarons industriels et de papotage en règle, on m’installe sur un tabouret surélevé en bois face à une dame, fort sympathique, qui m’explique qu’elle est maquilleuse professionnelle et que là demain, elle part à Cannes (petit gloussement de l’intéressée… ouais ben moi aussi je suis une star, hein, et je ne me la ramène pas… ou si… mais moi, j’ai le droit !), qu’elle a participé au développement de la nouvelle gamme de maquillage Pivoine de l’Occitane, et qu’en gros, je vais lui servir d’échantillon représentatif de la population visée : des femmes simples qui cherchent un maquillage discret, frais, et qui les illumine de l’intérieur. Là tout de suite, j’ai envi de lui dire banco.



Je suis une cible marketing facile.



Elle commence par m’observer 1 minute dans un silence absolu. Là, j’avoue, j’ai peur qu’elle ne me trouve un cancer du pore dilaté de l’aile du nez. Et elle m’assène : « Ah c’est dommage, je n’ai amené que les basiques, pas les spécifiques… bon, on va se débrouiller quand même, vous allez voir ! »


A cet instant précis (à la terrasse d'un restaurant à deux pas du moulin de la galette, le vent s'engouffrait comme par magie sous une nappe, faisant danser les verres sans que personne ne s'en aperçoive), j’hésite à me lever, en jouant l’outrage indigné. Mais je ravale ma fierté, trop curieuse de connaître la suite des événements.


Je suis une cible scénaristique facile.



Elle commence alors à appliquer un peu de ceci, puis de cela, auquel il faut ajouter une troisième couche de ceci (pour le dégradé de couleur et l’équilibre des tons… j’ acquiesce docilement), mais comme je suis un cas de notre-mère-nature-cette-truie, elle va devoir en plus rajouter une truelle de ça… et… tata, après avoir explosé mon temps standard de préparation maquillage lorsque je me rend à un mariage (mon temps maximum en somme) elle vient de finir… l’anticerne ! Yeah !


Ya pas à dire, rien de tel qu’une séance de chouchoutage pour vous faire sentir belle et sûre de vous, hein !


Je suis une cible de manipulation facile.



Bref, un long moment plus tard, et alors que ma copine était descendu de son spot de maquillage depuis belle lurette, ma maquilleuse continuait de parfaire son chef d’œuvre, et je dois avouer que le résultat, au final, était plutôt pas mal. Frais (à part le blush, appliqué à la truelle et qui me vieillissait de 10 ans, mais qui, consciencieusement étalé d’un mouvement de paume énergique, disparaissait facilement). Le fard à paupière faisait vraiment ressortir le doré des yeux, et le rouge à lèvre, léger, donnait l’impression d’avoir mordu dans un fruit frais, rouge et gorgé d’eau.

On a passé un long moment à s’admirer et à se dire qu’on était les 8ème et 9ème merveilles du monde (pour l’ordre on n’est pas arrivé à se décider) et puis, de longues hésitations plus tard, on est reparti, bras dessus, bras dessous, délestées d’un peu de monnaie, et avec de nouveaux jouets en poche, plus les cadeaux marketing qui vont avec.



Je suis une cible commerciale facile.



Alors au final, oui, je sais bien que ce genre de soirée de lancement sert surtout à la marque, qui teste son nouveau produit, récolte les premiers retours des clientes, vend ses premiers articles et s’offre une pub à moindre frais, en espérant que ces quelques « invitées » parleront de la nouvelle gamme autours d’elle. Oui, je sais que le coup des macarons, du champagne et du maquillage à l’œil, n’est pas un geste d’altruisme grandiloquent. Oui, je sais qu’en écrivant ce billet, je joue parfaitement le jeu.



Mais vous savez quoi ? Je m’en moque.



Je suis une cible publicitaire, humoristique, marketing, scénaristique, de manipulation et commerciale facile. Et j’assume.


Et ça me permet de passer de très bonnes soirées, à glousser, papoter, me faire chouchouter, le tout avec un petit verre de champagne, et un petit macaron, qui a le mérite d’exister.

En ce qui concerne la gamme de maquillage Pivoine, je l’ai trouvé plutôt réussie : simple et fraiche, bien en accord avec sa cible et ce qu’elle prétend être. Un peu chère par contre, vu qu’il vous en coutera 16€ pour le duo de fard et autant pour le rouge à lèvre.



Et petit conseil aux gens de l’occitane, si ils passent par là : quel esprit créatif et embrouillé vous a pondu des noms comme « Jolie Thérèse » ou « Paeonia » ? Je sais bien que c’est dans la veine du concept, « nos clientes sont des fleurs et notre maquillage porte leur nom », mais tout de même, j’ai eu quelques réticences à acheter un produit estampillé de l’appellation un peu ringarde de Thérèse !




Allez, je file essayer mon nouveau jouet, à voir si je met moins d’une heure à me maquiller ce matin et si mes collègues me demande si j’ai bien dormi !

PS: Je tiens à préciser que ce billet n'a pas été sponsorisé (et c'est pas faute d'avoir essayé! ;) )

3 commentaires:

  1. Moi aussi je suis une cible marketing facile (en même temps, je travaille dans la com'!), mais pourquoi résister à une séance de chouchoutage gracieusement offerte ?

    Là où d'habitude je fais de la résistance, c'est sur le service après-vente. Etre une cible commerciale, très peu pour moi. Pourtant hier soir, le rouge à lèvres corail m'a fait de l'oeil. Ou c'est le champagne qui m'a fait perdre la tête. Enfin voilà : j'ai craqué, et je suis aussi repartie avec mon petit sac.

    Pas de regrets pour autant : arrivée à la maison, mon homme a adoré mon nouveau rouge à lèvres (Mme Louis Henry s'il vous plait), qu'il a trouvé "très frais, très naturel". Incroyable, j'ai cru qu'il s'était transformé en vendeur de l'Occitane ! Mais non, pour une fois, un produit a juste tenu sa promesse. Simple, mais efficace !

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  2. Nadège> Copine de maquillage! Ben non, tu as parfaitement raison, on ne résiste pas. ;)
    Contente que ton homme ai apprécié le rouge à lèvre, je ne lui connaissais pas un tel lyrisme. Le mien m'a gratifié d'un "Ohhhhhhhh, t'es maquillée différemment!". Observateur le bougre, n'est-ce pas?
    Mais il a rajouté que j'étais très jolie (ce qu'il aurait dit quoi qu'il arrive, et même si j'étais rentrée maquillée comme un fourgon volé, sous peine de mort immédiate ! :P

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  3. Je te crois quand tu dis que ce billet n'a pas été sponsorisé. Ce que je me demande, c'est comment seront tes billets quand ils le seront ! Bon, moi, je suis sure que ton teint bidet n'est pas si bidet. Et puis fait gaffe à L'occitane : pas validé par Greenpeace > cancérigène.
    (bon, est-ce que j'ai réussit à massacrer le moral de tout le monde ?)

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