Hier donc (au cas où vous vous seriez coupé des médias et seriez parti vous exiler en Ouzbékistan pour élever des chèvres, bien heureux être humains !), c’était la journée de la femme.
Autant vous le dire tout de suite, moi, les « journées de » (de la femme, de la paix, de la Corse, des lépreux, de la prière pour la Birmanie, de la photographie au Sténopé, des orphelins du SIDA etc. – je n’invente rien, vous pouvez en consultez la liste exhaustive ici ), je ne suis pas fan.
D’abord, parce que ça induit perfidement que les 364 jours qui restent, en s’en cogne le coquillard (ce qui n’est pas tout à fait faux, mais l’approuver c’est l’adopter !) et que bref, une journée à y penser, c’est bien, ça lave à moindre frais les consciences, ça montre une certaine bonne volonté de la société à s’atteler (ou du moins à l’idée de s’atteler) au problème. C’est politiquement correct, mais on est bien d’accord, que dans les faits, ça ne change absolument rien.
Ensuite, ça participe à une sorte de victimisation de la femme, que je trouve complètement contre productive (le principe de la victimisation étant de donner un statut social doublé d’une attention médiatique exagérée à la dite victime qui l’incitent à se complaire dans ce statut – mieux vaut exister en tant que victime que pas du tout ! - et l’empêche souvent de faire le travail nécessaire pour sortir de cet état). C’est d’ailleurs ce que Badinter dénonce lorsqu’elle montre du doigt les revendications de toutes ces associations militantes, qui à force de marteler des messages fort (mais souvent éloignés de la réalité de la majorité des femmes) décrédibilisent la cause des femmes (j’hésite ici à écrire féministe vu le gros débat que suscite ce mot ces derniers temps). Des femmes battues, violées, prostituées, gravement précarisées, il y en a. Trop, toujours trop. Mais pourquoi ne pas mettre en avant, au contraire, les autres, celles qui réussissent ? Et je ne parle pas de celles qui réussissent en se comportant comme des hommes (clairement aucune femme politique), mais bien de celles qui assument leur féminité, font des enfants, les élèvent et réussissent dans une profession d’homme. Dénoncer c’est bien, mais entreprendre c’est mieux.
Bon le bouquin de Badinter, je vous le dis, je ne l’ai pas lu (ce qui ne m’empêche pas d’avoir un avis dessus, notez, grâce à tout le plan de com’ qui a été fait). J’ai été tenté de l’acheter (et ce n’est pas dit que je ne finirai pas par le faire) mais ça sent tellement le coup médiatique que je n’arrive pas à me dire qu’elle pense véritablement tout ce qu’elle dit. Comment faire la différence entre ce qu’elle écrit pour vendre ou ce qu’elle écrit par idéologie pure ?
Je sens que je m’éloigne un peu de mon sujet de base. Qui était ? Ah oui, la journée de la femme ! Enfin non… à la base je voulais vous parler d’un article mais je crois qu’au point où j’en suis-je vous en parlerai plus tard.
Donc hier c’était la journée de la femme et une fois de plus on a parlé de parité dans les institutions pas respectée, d’inégalité à l’embauche, d’écart des salaires, de précarisation voire de paupérisation des femmes… sans donner de solution. Dénoncer et non pas entreprendre donc.
Voilà avec quoi on laisse les femmes : une journée de victimisation et le reste du temps la culpabilisation.
Culpabiliser, culpabiliser, culpabiliser. Le leitmotiv de notre société.
Et là je vous le dis franchement, yen à marre.
Marre qu’on vous explique à tout bout de champ que tout ce que vous faites c’est mal, que ça va tuer la planète ou vous filer le cancer, que votre pilule change le sexe des poissons, que votre bain le soir n’est pas Grenelle, que les couches jetables c’est la plaie, que donner le biberon c’est ne pas aimer son enfant, que boire va vous filer une cirrhose, manger du diabète, sans compter l’huile de palme qui tue la biodiversité ET bouche vos artères (la salope).
La liste est looooooooooooongue et elle me fatigue.
Et si on arrêtait de se culpabiliser pour commencer, hein ? Juste comme ça pour voir…
Et si on proposait des solutions ?
Oui, mais c’est Badinter qui a tout compris : les solutions c’est chiant et c’est pas vendeur, alors qu’on bon pavé dans la marre, ça met tout de suite un peu d’animation, ça fait aboyer les chiennes de garde et monter au front la ligue de la leche. Spectacle et gros tirages garantis.
Bon et puis vous vous en doutez, si on ne propose rien c’est que c’est un poil compliqué tout ça. Ben oui, changer les choses ça demande plus qu’une loi sur la parité des pingouins en antarctique, ça demande plutôt toute une évolution des mentalités.
Mais cette évolution, elle passe par vous et moi.
Et évoluer ça serait d’abord d’arrêter de renvoyer cette image stupide de la femme victime. Arrêter d’élever les petites filles en leur expliquant tout ce qui leur sera interdit parce qu’il leur manque un pénis. Commencer à élever les petits garçons en en faisant aussi des pères et pas que des futurs patrons. Oui, les femmes sont des femmes, et pas des hommes, et donc oui, elles mettent des enfants au monde. C’est une grande chance. Mais non, ça ne doit pas leur demander de sacrifier tout et n’importe quoi.
Lorsque j’ai dit à ma mère que je souhaitais me lancer dans des études scientifiques, une des premières choses qu’elle m’ait dite a été (certainement d’expérience, vu qu’elle a elle-même passablement galéré entre études boulot et couches) que je me lançais dans une carrière contraignante, et que ça serait difficile d’avoir une famille. Qu’il me faudrait faire un choix.
Ce qui ne l’a pas empêchée elle, de décrocher un bac + 9 en cours du soir, mon frère dans un bras, et moi dans l’autre, tout en gérant courses, ménages et popote.
Ce qui ne m’empêche pas, moi, de rêver d’autre chose et de me détacher du modèle que m’a enseigné ma mère. Car je crois que ce que Badinter dénonce comme une sorte de déviance du féministe avec le retour des femmes à la maison via l’allaitement quasi forcé et la couche non jetable, c’est toute cette génération de fille (dont je fais parti) qui ont vu leur mère sacrifier leur vie de famille et ou de femme pour avoir une carrière, toute ces filles qui ne veulent plus de ça pour leur propre enfant.
Hors je dis : autre temps, autre époque. On peut rejeter sans revenir en arrière il me semble.
Les hommes étaient moins impliqués. Je pense qu’ils le sont beaucoup plus maintenant.
Et qu’ils doivent l’être toujours plus.
Oui les femmes sont moins bien payées que les hommes. Mais parce qu’elles choisissent des carrières avec moins de responsabilité. Pourquoi ? Moitié parce qu’on les a conditionné pour ça, moitié parce que la société ne leur laisse pas trop le choix.
Proposer des modes de gardes adaptés avec la vie d’entreprise, serait déjà un bon départ (crèche en entreprise, horaires flexibles…). Envisager l’enfant comme la responsabilité de la mère ET du père également. Et donc accorder la garde exclusive au père en cas de divorce si besoin et pas toujours à la mère. Enfin bref, responsabiliser le couple face à l’éducation, la garde etc, et pas seulement la mère d’une part, et arrêter de culpabiliser les femmes face à leur choix de carrière ou de vie d’autre part.
Moi, pour la journée de la femme j’ai offert un lave vaisselle à mon homme et puis c’est tout ! :P
PS : Toutes mes plates excuses aux Ouzbeks qui ont la télé, la radio et les journaux, que la journée de la femme a gavé également, et qui supportent ces cons d’européens qui viennent élever des chèvres chez eux !
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