Le roller n’est pas vraiment mon ami.
Avant de fréquenter le bulot, j’avais un peu roulotté, comme ça, avec des bêtes rollers décathlon, achetés moins de 30 euros à Barcelone pendant mes années d’étudiantes, pour suivre une copine qui voulait impressionner un bel hidalgo qui organisait des randos le vendredi soirs le long de la plage (ah.. Barcelone…). Sauf que le roller c’est difficile, la plage plus sympa avec un mojito et un feu de camp et que puis bon, j’avais d’autres priorités que rouler à l’époque copine ou pas copine (et puis il était gai finalement l’hidalgo)… surtout à Barcelone si vous voyez ce que je veux dire (maman n’écoute pas, j’y étais bien sûr pour progresser en espagnol et pour décrocher mon diplôme d’ingénieur catalan !).
Le bulot, lui, avant de me fréquenter, vivait roller, mangeait roller, dormait roller et enquillait des kilomètres et des kilomètres de roller, avec d’autres fous furieux comme lui qui ne déchaussent leurs patins que contraints et forcés, pour prendre une douche ou pour dormir, et encore, même là-dessus, j’ai des doutes pour certains. Alors quand j’ai commencé à réaliser que le bulot et moi c’était un peu sérieux, j’ai compris que je n’y couperai pas et je me suis mise un peu plus sérieusement au roller.
En roller il y a deux types de personnes, ceux qui y arrivent et… moi. Non sérieux, je ne rencontre que des gens qui m’expliquent qu’en deux mois ils faisaient les fnf sur un roller (pour les non initiés, la fnf Friday Night Fever, est la rando organisée par l’association Paris Roller et qui a lieu tard le vendredi soir, à un rythme un peu soutenu pour des gens à l’aise sur leurs rollers, version évoluée de la R&C rando Rollers & Coquillages, qui elle, a lieu le dimanche et est organisée par l’association du même nom et vise un public plus familiale roulant à un rythme plus tranquille). Moi, au bout d’un an de pratique du roller par intermittence, je sais à peine freiner, même pas tourner dans les règles de l’art et je boucle à peu près sereinement mes R&C. Par contre dès qu’on me met au milieu des amis du bulot je deviens invariablement le boulet de service, qui roule péniblement à la traine et donne frénétiquement des coups de patins désordonnés, dans l’espoir, toujours vain, de garder un rythme à peu près acceptable et qui ne me relègue pas à plus de 5 km derrière eux.
Et si il y a bien deux choses que je déteste, c’est un de me sentir nulle, deux qu’on m’explique comment faire et de ne pas y arriver immédiatement (ce qui ramène en fait au un). Hors les gens qui font du roller sont de nature gentille et maternelle, genre communauté pleine d’entraide et de bisounours-ite aigue : tout le monde m’abreuve donc de conseils bienveillants qui me font me sentir aussi douée qu’une soupière sur roulette et ne me font pas progresser d’un yota. Le pire étant sans doute : « ya pas de secret, il faut rouler et rouler et rouler et tu verras ». Oui, ben je vois.
La grande joie associée au roller est également cette impression tenace et récurrente de régression. On acquière une technique ou débloque un réflexe, on s’en sert une fois, deux fois, on croit qu’on est sauvé, mais à la randonnée suivante, d’un coup cela ne vient plus, on est de nouveau gauche et empatté, revenu à l’étape un, avec un grand sentiment de désespoir. On progresse par palier et parfois les paliers paraissent longs. Très longs.
Enfin bref… mine de rien, je commence à m’en sortir presque correctement et me limite à une ou deux chutes, minimal syndical, par sortie. Comme quoi… rouler, rouler, rouler.
Le beau temps revenant, les randos rollers refleurissent et moi je reprends l’interminable cycle progression-régression qui rythme mon long apprentissage.
J’ai l’air de me plaindre, mais en fait j’aime bien ça, moi, le roller. J’aurai juste aimé être meilleure et plus vite, mais je crois qu’il faut que je me fasse une raison sur ce point. Le roller pour moi, ça se mérite !
Mais j’aime bien me balader au grand air, et profiter de Paris ou de ses environs sur un autre rythme, plus tranquille qu’en voiture ou qu’en vélo, qui permet cependant d’appréhender de plus grandes distances qu’à pied.
Et comme les amis du bulot sont des gens biens (finalement en les côtoyant il s’avère que ce sont des gens tout à fait normaux, qui quittent leur rollers et boivent des mojitos à la pinte !) qui dit rando dit pause goûter au soleil où chacun ramène un peu ce qu’il veut.
C’est ainsi que nos amis deviennent les cobayes involontaires de mes expériences culinaires plus ou moins heureuses.
Ce week-end par exemple, j’ai lâché le bulot au marché et il a ramené un plein panier de légumes (bios ! Oui c’est plus fort que lui, c’est dans ses gènes je crois) printaniers : radis, oignons nouveaux, tomates, concombres, poivrons et… carottes !
Tiens chic alors, des carottes. Ca me rappelle une recette… est-ce que j’oserai…
Voilà comment je me suis retrouvé à préparer des
Muffins pain d’épice entre terre et mer
Pour 6-7 muffins
100 g de carottes râpées
1 feuille de nori (ceux pour faire les makis, environ 2g) ou en paillette
75 g de farine
90 g de sucre + 1 sachet de sucre vanillé
1 sachet de levure chimique
1 œuf
2 cs d’huile
2 clous de girofle
4 grains de poivre vert
¼ cc de curry
1 cc de cannelle
Commencer par mixer carottes et nori. Réserver. Mixer ensuite les clous de girofle, le poivre vert, le curry et la cannelle (ou procurez-vous tous les ingrédients déjà en poudre). Battre l’œuf et l’huile dans un bol. Dans un saladier, mettre tout les ingrédients secs (farine, sucre et levure), le mélange d’épice, rajouter l’œuf et l’huile puis les carottes mixées avec le nori. Bien mélanger.
Remplir des moules à muffins et enfourner à four chaud 200°C pendant 12 min.
Des muffins avec des carottes, des épices et des algues ?! Non mais c’est quoi ce délire. Très franchement, sur ce coup là, je sentais le bulot très sceptique, pas du tout certain du résultat que j’allais lui faire ingurgiter. Un peu craintif. On le comprend. Moi, cette recette m’avait tout de suite accrochée. Outre ma frénésie de muffin, j’adore le concept terre-mer et la révision du classique du pain d’épice. Le pain d’épice ça m’évoque Prospère youplaboum et ça ne laisse pas grand place à beaucoup d’autres choses dans mon imaginaire. Je savais qu’on utilisait la carotte dans certains gâteaux, mais l’algue pour moi c’était inédit. Mercotte étant une référence en matière de blog culinaire, j’étais assez confiante sur la mangeabilité du résultat. Et très curieuse.
Verdict : ça rappelle bien le goût du pain d’épice mais sans le côté dense et un peu collant de notre ami Prospère. J’avais peur que les clous de girofle emportent tout, mais non, c’est très équilibré. Les carottes apportent un moelleux incomparable. Quant aux algues… pour avoir essayé la recette avec et sans, elles présentent un vrai plus, une touche iodée très discrète qui contre balance le caractère un peu sucré-écœurant de l’ensemble. C’est très fin du coup, très subtile.
Mes cobayes n’ont rien su de mes expérimentations. Je leur ai juste dit que c’était des muffins goût pain d’épice… et je suis repartie sans un muffin en poche ! Comme quoi…
Recette adoptée !
Ah… vivement la prochaine rando
dommage qu'on n'ai pas droit aux photos des hématomes...!
RépondreSupprimer:P non mais t'es une vraie sadique toi!
RépondreSupprimer:-) J'adoooore ! Aller ! montre-nous tes bleus (ou verts) !!! S'il te plait !
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