14 mai 2010

Pourquoi je n’aurais pas du voir Kick Ass

Le pitch de départ était pourtant prometteur : pas besoin de supers pouvoirs pour être un super héros. Devenir le sauveur de l’humanité de demain est un état d’esprit et pas une question de destiné hasardeuse. Bidule, un adolescent boutonneux et libidineux moyen, looser de base, invisible auprès des filles, et excédé par l’injustice d’un monde où seuls les plus forts semblent d’en sortir, en est convaincu. Il compte bien mettre ses idées à l’épreuve du feu.
 
On imagine aisément les péripéties crétines de notre anti héros, naïf et idéaliste. Les actes grandiloquents manqués. Les trips jubilatoires du réalisateur sur les scènes d’actions à contre pied des blockbusters bien huilés. La réflexion en filigramme sur le potentiel, l’être et le devenir d’un homme. La contradiction millénaire entre la fatalité et le self-made man sauce amerloque une énième fois revisitée. L’épinglage de notre société de l’image, qui, à l’heure d’internet et des buzz médiatiques, est capable de faire de n’importe quel idiot en collant, pour peu qu’il ait un bon plan com’, la star de demain. Kick Ass, ça aurait pu être tout cela.
 
Mais non.
Passé le pitch, qui est prometteur, et qui donne lieu à 30 minutes de film plutôt intéressantes, l’histoire prend un tournant de série Z ratée, à base de méchants très très méchants, de gentils trop trop forts, un poil torturés, mais pas vraiment, le tout sur fond de flics pourris, de prison et de vengeance, sans doute pour que le spectateur se rappelle bien qu’il est dans un film de super héros, pas ailleurs (le spectateur est bête après tout, on ne sait jamais).

On aurait compilé tous les clichés des histoires de super héros des 30 dernières années, qu’on n’aurait pas fait mieux. Autant dire, que les scénaristes n’ont pas du chercher bien loin pour nous pondre cette histoire là. A vrai dire, je pense qu’ils se sont juste masturbés collectivement sur tous les fantasmes non assouvis de leur 15 ans, et s’en sont simplement donné à cœur joie sur les scènes d’actions pas crédibles pour un sou, mais « trop cool », les grosses voitures, les grosses armes, les grosses bourinades.
 
On a comparé ici et là Kick Ass aux films de Tarantino, pour sa violence gratuite et jubilatoire. Je dis non, voire je crie au scandale ! Il manque à ce film, un recul et un second degré évident. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Tarantino n’utilise jamais la violence gratuitement, mais bien pour servir un propos, une certaine ironie, et quand la violence qu’il nous montre s’inscrit dans un délire irréaliste, qui peut donner lieu à une certaine forme de jubilation du spectateur, elle ne perd jamais son côté glauque et tragique. La violence de Tarantino, est pour moi surtout l’expiatoire des âmes torturées qu’il met en scène. Ici, rien de tout cela.

On est dans le spectacle et la surenchère. La course aux entrées faciles.

Je suis d’ailleurs vraiment étonnée de n’avoir vu qu’une seule paire de seins se balader en 1h30. A croire qu’Hollywood, se veut désormais compartimenté et thématique dans sa subversivité grand public : ou on montre des fesses, ou on montre des tripes qui volent avec des boules de feu en fond, mais les deux en même temps, c’est vulgaire !
 
Les personnages sont ratés. Le protagoniste joue trente secondes son rôle d’antihéros, avant de se laisser dépasser par les gentils trop trop forts (mais un peu torturés, hein !), qui sont là dans l’unique but de nous en mettre plein la vue avec leurs supers cascades, leurs grosses armes, leurs moues de tueur quand ils lâchent des répliques philosophiques et lapidaires. Vague sentiment de regarder des gosses de 12 ans qui jouent à touche pipi pour voir kikalaplugrosse.
Les méchants sont bêtes. Et riches. Et méprisant. Leurs larbins sont gros. Et noirs. Avec des chaines en or autours du cou.
Les copains du héros sont des asociaux libidineux, incapables de voir plus loin que les nichons de leur voisine. LA fille de l’histoire est une pompom girl sous amphét’, qui vit au pays des bambis.
Le seul personnage digne d’intérêt, et qui est réellement trippant, reste la gamine, Hit Girl, car c’est bien la seule dont le rôle un peu décalé a quelques scènes plutôt réussie.
 
J’aurai aimé vous dire que c’était un bon divertissement, un nanar de samedi soir, à voir dans un avion avec du temps à tuer. Je vous dirai juste que ça se laisse regarder, mais sans plus, les quelques scènes réussies, ne valant pas la peine qu’on se tape tout le reste pour si peu. A part la première demi heure…
 
Enfin bref, Kick Ass, pour moi, est un film raté. Mais le pire… c’est que comme tout film de super héros qui se respecte il fini de telle manière, qu’ils sont capables de nous en pondre un deuxième.
 
Alors rendez service à l’humanité et ne gonflez pas trop le nombre d’entrées et les recettes.
 
A tchao.

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