23 novembre 2011

Twilight: on en reparle dans 10 ans!

Récemment je lisais un livre où l'héroïne expliquait qu'elle avait compris être passé de l'adolescence à l'âge adulte en matière de relations amoureuses, en réalisant pourquoi Louise avait refusé la demande en mariage de son petit copain Jimmy dans le film Thelma & Louise. Parce qu'accepter de s'unir avec un homme capable de ravager une chambre d'hôtel sous l'effet de la contrariété et décidant de s'engager uniquement lorsqu'il comprend qu'il va perdre la femme qu'il dit aimer, ça peut paraître romantique à 20 ans, mais à 30 ça semble complètement stupide. Pour résumer, je dirais qu'on commence par aimer l'idée de l'amour avant de véritablement aimer une personne, ce qu'on appelle aimer, et pas s'engouffrer dans un cycle autodestructeur en devenant une simple moitié dépendante d'une autre.

Si je vous raconte cela, c'est parce qu'hier soir j'ai (enfin) visionné d'une traite (il faut bien que les arrêts maladie et les déplacements pro du bulot servent à quelque chose) les trois premiers épisodes de la saga Twilight et le moins que l'on puisse dire c'est que j'ai senti que je n'étais pas du tout, mais alors pas du tout, le cœur de cible visé par le sujet.

Attention, spoiler inside (vous lisez donc la suite à vos risques et péril).

Je vous passe la parabole sexuelle, tellement évidente qu'elle en devient écœurante, du prédateur paré de toutes les séductions, irrésistiblement attiré par l'effluve d'une jeune vierge (la seule, parmi toutes celles à ses pieds, qui pour lui demeure mystérieuse puisqu'il n'arrive pas à percer ses pensées... comme quoi on peut être vampire et assez basique comme garçon) dont il a peur de faire verser le sang (ça va, où j'en rajoute une couche sur la symbolique des draps maculés?) peur et danger qui s'avèrent être un stimulant plus qu'évident à l'ardeur des deux amoureux, à base de non-il-ne-faudrait-pas-mais-quand-même-j'en-ai-vachement-envi. « Attention jeunes gens qui jouez avec le feu! » pourrait d'ailleurs être le sous-titre de la saga plutôt que les phases de la lune qui font certes plus mystique mais moins honnête quant au message qu'on a voulu faire passer.

La jeune vierge mise en garde (elle n'a pas vu les spots de pub à la télé cette conne ou quoi?) décide quand même que ça vaut vachement le coup de sacrifier sa vie (oui, puisqu'évidemment sous la plume de Stephenie Meyer coucher est aussi irréversible et grave que de clamser, même si j'ai appris depuis que l'hymen se recoud, mais il faut croire que cette information là n'est pas arrivé ou n'a pas voulu imprimer le cerveau mormon de l'auteure)

J'avoue que là où j'ai vraiment faillit m'étrangler avec le coussin du canapé reste le moment où le vice (et le premier degré) est poussé jusqu'à obliger les héros à se marier avant d'effectuer le changement d'état de la belle Bella (même son nom est tellement premier degré que s'en ne sait si on doit être navré ou grandement amusé). Donc jeunes gens, vous pouvez coucher, mais pas avant le mariage hein! Amen!

Et surtout pas avant de vous être posé tout un tas de questions métaphysiques à base de non-je-ne-peux-pas-te-demander-ça-mais-si-je-ne-suis-rien-sans-toi-comment-vivre-dans-un-monde-vide-de-ta-présence. Please, please kill me!

Par honnêteté intellectuelle, je dois avouer que si on avait résumé le film à un ados boutonneux et libidineux essayant tant bien que mal de résister à l'envie sexuelle que lui provoquait une jeune pucelle pas si farouche qu'elle voudrait bien le montrer, le tout finissant par un échange de vœux type: je te promets de t'aimer pour toujours si tu me laisse tremper mon biscuit, on serait tombé dans un remake cul-cul d'american pie et là franchement je ne sais pas ce qui est le pire.

Je disais donc que je voulais vous épargner la très (très!) subtile parabole sexuelle du livre pour me concentrer sur le choix amoureux de notre héroïne qui (rien ne lui sera donc épargné) se retrouve entre deux « amants »: le beau vampire mystérieux et le très très (très! si vous voyez ce que je veux dire) chaud loup-garou (oui, vous lisez bien, et non ce n'est pas une blague, l'auteure n'a reculé devant aucun cliché). Les deux sont évidemment super-naturellement puissants et protecteurs vis à vis de la belle et fragile (rha le message féministe pour la nouvelle génération!!! Achevez-moi!) jeune fille. Sauf que l'un est mort, damné, suceur de sang de fouines et amateur d'une météo plus proche de la Bretagne que de la Californie, tandis que l'autre est vivant, body buildé au photoshop, chaud comme la braise (pour les longues nuits d'hiver croyez-moi, ça compte) et doté d'une nature qui lui permet, outre de se reproduire, d'avoir une vie normale qui n'implique pas de renier famille, amis et tutti cuanti. Car merde, on ne le dit pas assez tout au long du film mais Bella renonce au Nutella A JAMAIS avec son foutu Cullen!!! Il est des sacrifices qui décidément me dépasse.

Vous l'aurez compris, mon choix ne se serait évidemment pas porté sur le ténébreux Edward Cullen qui -rappelons-le quand même au passage- N'A PAS UNE GOUTTE DE SANG DANS LES VEINES!!! Qu'on m'explique comment il se débrouille pour la lever avec ça, hein! Oui, bon ça ne fait pas tout dans un couple, mais quand même...

Et donc, et c'est là où je voulais en venir, ce choix n'a pas toujours été aussi évident tout au long de ma vie.

Je mesure tout à coup l'évolution qui a été la mienne maintenant que je suis mariée et heureuse de l'être: j'ai tiré un trait sur tous les Edwar Cullen de la terre, les beaux ténébreux différents et incompris pour qui il fallait toujours être quelqu'un d'autre et avec lesquels je vivais des histoires intenses et compliquées où je pensais qu'être heureuse un tiers du temps (les deux tiers restant étant destinés à souffrir pour mieux sentir à quel point on s'aimait) suffisait. Aux Heathcliff et autres Roméos qui alimentèrent les fantasmes de mon adolescence j'ai substitué les Jacob, affectueux, drôles, tendres, intéressants, et avec qui je peux profiter pleinement de l'existence sans chercher à être autre chose que moi-même et sans rejouer chaque soir le psychodrame du je-t'aime-moi-non-plus, pour me sentir liée à la personne et vivante. J'ai abandonné l'idée de chercher ma moitié, idée qui implique en soit qu'on est bancale en tant qu'être sans l'autre et donc dépendant de lui. J'ai décidé d'avoir une suffisamment haute opinion de moi-même pour me poser la question: est-ce que je mérite de subir ça? Ou encore: est-ce vraiment de l'amour, ou tout simplement de l'obsession, du control?

Mais à 20 ans, que voulez-vous, on aime l'idée même de l'amour, celui qui ne peut durer que pour toujours. Alors, on pleure, on soupire et on se taille les veines pour des vampires suceurs de sang de fouines en laissant passer les beaux Jacobs qui iront faire le bonheur d'autres.

Allez, jeunes filles en fleurs, allez donc voir Twilight et soupirez sur le bel Edward.

On en reparle dans 10 ans!

1 commentaire:

  1. Ce post est juste énorme ! J'ai bien ri, et il y avait longtemps que je n'avais pas lu une critique de Twilight aussi pleine de bon sens et d'humour ! Bon j'avoue, j'ai 20 ans, mais j'y réfléchirai à 2 fois avant de laisser passer les beaux Jacob (ok j'avoue quand j'ai vu le 1 j'ai soupiré sur Edward, mais au 3ème film j'ai choisi Jacob !)
    Cécile

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