La dolce vita italienne se trouve à Paris. Si, si !
Il suffit d’un rayon de soleil et d’un pique nique, organisé un peu par hasard sur les quais de Seine, d’une (puis de deux) bonne(s) bouteille(s) débouchée(s), d’un fou rire entres amis et d’une ballade, cornet de glace Amorino à la main au son des guitares. Et quand la soirée s’achève par une bonne pièce de théâtre avec la belle Serena Reinaldi, ça y est, Roma nous voilà : spaghetti, vespa, tortellini, torta d'herbi, amore mio, la vita é bella, foccaccia, pasta, anti pasti et scenari.
Olé ! (Ah non, autre langue, désolée, je me suis laissé emporter).
Il y a des soirées, comme ça, magiques et qui ont tout bon, du début à fin.
Courrez voir Ciao Amore à la gaité Montparnasse, nous en tout cas, on a adoré.
L’histoire
Un couple, une chambre.Elle : Je crois que je ne t’aime plus, José…
Lui : …
Elle : Ben dit quelque chose !
Lui : T’as quelqu’un ?
Non, elle n’a personne. Elle ne l’aime plus, elle le quitte c’est tout.
Et comme il ne sait pas la supplier de rester il l’engueule. Voilà.
Et comme elle n’a pas tout à fait envi d’en finir comme ça, elle l’engueule, lui aussi.
Démarre alors l’engueulade la plus tendre, absurde, drôle, ridicule, violente, amère, futile, débile, essentielle, existentielle du monde : celle de deux personnes qui s’aiment ou se sont aimés et qui cherche désespérément un sens. A la vie, au temps qui passe, aux choix qu’on fait ou pas, à tous ces détails qu’on a chéri et qui maintenant, nous énervent.
Les reproches deviennent surréalistes, les situations cocasses, on rit, et tout à coup la gorge se serre, devant une fragilité avouée, le début d’un sentiment qui s’échappe.
Serena Reinaldi est magnifique, en italienne sulfureuse, qui prend tout l’espace, avec sa personnalité et sa voix, son accent délicieux qui vient chatouiller l’oreille et fait que tout les mots qu’elle peut dire sonnent à la fois comme un jour de vacances à Napoli et un drame ombrageux et Dantesque. Elle parle d’amour avec fougue, comme une évidence. Lui, fait des listes pour tenter de comprendre l’incompréhensible.
Christophe Alévèque tient bien son personnage, du petit aigri plein de tic, très lâche, vieux con avant l’âge, pas à l’aise avec ses sentiments, touchant et humain au fond, pourtant. Il part parfois dans des diatribes assassines particulièrement cyniques, comme par exemple sur les vieux qu’il faudrait supprimer, et les distributions de sacs de riz qui ne sauvent pas le monde.
Et Serena de répliquer, hallucinée : Tu ne penses pas ce que tu dis…
Lui (sans une once d’une hésitation) : Non !
Voilà. Le ton est donné.
L’histoire est banale et mille fois contée, le décor simple, les dialogues pas forcément très spirituels, même si pas mal de répliques font mouche, le jeu des acteurs un peu brouillon, un peu emporté parfois eux aussi, complètement dans la situation au final.
Car en fait, c’est ça qui est drôle et touchant, ils nous présentent un vrai reflet de nous-mêmes, sans fioriture, et plus d’une fois on a l’impression que eux, sur scène, c’est nous, qu’on aurait pu dire ça, comme ça, qu’on se serait sûrement emmêlé les pinceaux aussi à le dire, qu’on aurait été capable de faire des reproches aussi débiles et puériles à l’autre. Parce qu’on l’aime. Parce qu’il compte. Parce qu’on a notre orgueil. Et qu’aimer c’est difficile, parfois. Souvent.
J’aime beaucoup la fin, très poétique.
Car qu’est-ce que l’amour au final ?
Ils ne savent pas. Nous non plus. Mais est-ce important ?
Pas vraiment. L’amour ne tient pas dans des raisons, ni des listes.
Car ce qui tient un couple, n’est-ce pas au final, cette capacité que deux personnes ont à rêver, ensemble ?
Pour réserver, c’est ici. Le site distribue de temps en temps des places gratuites car la pièce vient juste de commencer, donc si vous êtes membre, n’hésitez pas à regarder vos invitations.
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