3 (bonnes) raisons de voir Blind Side

Je suis un mouton. Bèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèè

Il suffit que 2 journaux et 3 magasines parlent d’un événement, film, livre, pièce, resto etc. pour que je m’y intéresse. Alors si en plus, une vidéo traine sur internet et qu’elle me fait poiler, ni une ni deux, je colle le bulot (et moi-même) devant le petit écran, parce que je n’aime rien tant que d’avoir ma propre opinion sur la question.

Si vous êtes malin (et vous l’êtes) avec l’affiche et les quelques infos qui trainent dans les 3 lignes du dessus, vous avez tout de suite compris que j’allais vous parler de Blind side.

Vous l’avez peut être déjà vu sur une plateforme de VOD (par exemple ici), seule manière de voir ce film en France à ce jour (et je ne crois pas qu’ils prévoient d’élargir vraiment le champ des possibilités malgré la récente actualité).

Si pas, comme je n’aime pas me sentir seule dans la moutonnerie, voilà au moins 3 raisons de moutonner avec moi :

1) Pour Sandra Bullock évidemment

Parce qu’une actrice qui se paye le luxe (et le culot) de recevoir coup sur coup un razzie et un oscar (et qui est donc sensé être, à la fois, la pire et la meilleure actrice) déjà moi, ça m’interpelle.

En plus, la Bullock, qui a décidément beaucoup d’humour, ne s’est pas démonté et est allé chercher crânement son razzie en gratifiant l’assemblé d’un petit discours bourré d’autodérision où elle explique que pour un film qui a été jugé si mauvais et que soit disant personne n’était allé voir, elle était contente que ce prix ait au moins eu le bénéfice de le faire regarder aux 300 et quelques personnes sur les 700 du jury qui ont voté pour elle ! Et d’ajouter qu’elle a amené avec elle une grosse palette de DVD pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu ! J’adore.

Je vous invite à aller voir la vidéo, buzz du moment (parmi tant d’autres) sur la toile.

Par contre le trip : « je suis trop modeste pour me réjouir de mon oscar, ça me met plus de pression qu’autre chose car ça met la barre un peu haut pour le reste de ma carrière », bof. Quand on fait un métier pour se montrer et se faire aimer des masses et qu’on se fait passer de la paumade par ses pairs, moi je dis que la moindre des choses c’est de profiter du moment et de ronronner. Mais miss Bullock voit plutôt son oscar orner sa mercedes que son salon. Ceci dit, encore un petit clin d’œil à la profession. Décidément elle ne fait rien comme tout le monde.

2) Parce que c’est une histoire vraie

Et moi j’adoooooooooooooooooooore les films tirés d’une histoire vraie. Ca émeut la midinette qui est au fond de moi. Parce que regarder une bande de couillons s’ouvrir les tripes à coups de gadgets interstellaires me laisse aussi indifférente que d’imaginer ce grand black et cette petite bonne femme en vrai, me bouleverse. Ca donne un côté réel, humain… et pourquoi le nier, on s’identifie bien plus aux personnages qui deviennent ainsi bien plus attachants. Ca remet le film à la portée du spectateur.

Ce qui ne m’empêche pas de m’émerveiller devant un Seigneur des Anneaux ou autre, attention. Mais quand même, c’est plus facile de trouver la part de Frodon (peut être les pieds ??) qui est en nous si on peut se dire qu’il existe vraiment.

3) Parce que c’est un bon film tout simplement

Pas le film du siècle. Pas un chef d’œuvre qui bouleversera à jamais votre vision du monde. Juste un bon film, touchant, qu’on regarde avec énormément de plaisir.

Alors non, Sandra Bullock ne méritait pas forcément un oscar pour ça (Meryl Streep a été honteusement spoliée sur ce coup là). Le rôle qu’elle y interprète est fort (un poil excessif ?) et intéressant. On ne voit qu’elle tout le film. Mais est-il si difficile de jouer une femme qui se veut forte mais qui est en réalité plus sensible qu’il n’y parait ? Je ne le crois pas et beaucoup l’ont fait avant elle, avec autant de brio. Si on donne un oscar à chaque actrice qui doit jouer un rôle un peu nuancé, on n’est pas sorti de l’auberge.

Alors oui, ce film est bourré de clichés : d’un côté il y a les blacks parqués dans des cités ghettos, pauvres et déscolarisés qui se tournent vers la drogue et la débrouille, et de l’autre les blancs issus des plus prestigieux « college » américains, qui envoient leur progéniture dans des écoles privées, sont incroyablement riches et apprêtés et vote républicain. Oui, parfois, les cordes tirées sont tellement prévisibles (LA phrase qui pendant le match change tout, le flashback vers LE traumatisme d’enfance, la petite voix off qui relit L’essai génial et émouvant à base de phrases grandiloquentes du style : Do you hope for courage and try for honor, even if those around you are wrong?) qu’on est capable de finir une réplique à la place de l’acteur ou bien de prévoir exactement ce qui va se passer dans les 3 minutes à venir, voir d’anticiper que le réalisateur va nous servir un ralenti, une succession d’images émouvantes etc.

Mais plus important que la forme, pour moi, il y a le fond, l’histoire intemporelle et universelle (pas très originale mais c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes!) de l’adolescent qui sait uniquement ce qu’il n’est pas et qui au contact de cette famille, si éloigné de tout ce qu’il a connu, va peut à peut s’ouvrir au monde et découvrir, voire choisir, ce qu’il veut être. Il y a aussi cette famille, qui elle par contre sait trop bien ce qu’elle est, n'a pas forcément conscience de ce qu'elle a, et qui va, tout à coup, se redécouvrir et chercher à se réinventer, comme si l’image de l’autre, avec ses différences, vous renvoyait à vos propres contradictions et vous faisait faire ainsi une auto critique silencieuse, de celle qui vous pousse vraiment à aller de l’avant et pas simplement à s’apitoyer sur ce qu’on est ou n’est pas. Il est surtout question d’amour en vérité. L’amour que l’on donne aux autres et celui qu’on reçoit.

Personnellement je retiendrai cette phrase du film, le mari s’adresse ici à sa femme qui se demande si elle est une bonne personne: Tu es la personne la plus extraordinaire que je connaisse, tout ce que tu fais, tu le fais pour les autres. – Et pourquoi à ton avis ?

 

Pourquoi cette phrase, assez inintéressante en soi ? Parce que c’est la vrai bonne interrogation de ce film : qu’est-ce qui nous fait aller vers l’autre et faire quelque chose pour l’autre ? L’amour? Le sens de l’appartenance à une famille, un groupe, et l’envie de les protéger ? La morale chrétienne ou autre et donc notre conscience ? Ne fait-on finalement un pas vers l’autre que par pur narcissisme ?

Je laisse la question ouverte.

Et bon film !

Allez, je vous mets quelques citations glanées sur le net pour le plaisir :

I look and I see white eveywhere. White walls, white floors and a lot of white people. The teachers do not know , I have no idea of anything they are talking about. I do not want to listen to anyone especially the teachers. They are giving homeworks and expecting me to do the problems on my own. I have never done homework in my life. I go to the bathroom and look in the mirror and say " this is not MIcheal Oher."

Courage is a hard thing to figure. You can have courage based on a dumb idea or a mistake, but you are not supposed to question adults or your coach or your teacher. Because they make the rules. Maybe they know the best or maybe they don't.It all depends on who you come and where they come from. Didnt atleast the six hundred guys think of giving up and joining with the other side.I mean The Valley Of Death! That's pretty salty stuff.THat's why courage is tricky, should you always do what others tell you to do. Sometimes you might not even know why you do something. I mean any fool can have courage. But honour, that's the real reason you do something or you don't.Its who you are and maybe who you want to be. If you die trying for something important then you have both honour and courage and that's pretty good. I think that's what the writer was saying, that you should hope for courage and try for honour and maybe even pray that the people telling you what to do have some too

Et voici le vrai Michael Oher