18 mars 2010

La femme est un loup pour la femme

Je ne vous apprends rien, être une femme s’est sacrément compliqué.
Hors le week-end dernier, je lisais ce très intéressant essai de philosophie…


Bon d’accord, ce magasine de psychologie…



Ouais, ok, je lisais ELLE, en fait… mais chez le coiffeur, donc ça ne compte pas !



Bon d’accord, chez le médecin…



Non, j’avoue, en fait chez moi, confortablement carrée dans mon canapé… parce qu’il faut que je vous l’avoue… je suis abonnée à ELLE !



Ouf, voilà. C’est dit.


Avouer qu’on est abonné à ELLE s’est un peu la sortie du placard de la bobo parisienne moyenne, qui a lu tout Simone (de Beauvoir) mais est adepte des fiches cuisine de ELLE depuis que sa maman lui a acheté les petites boites cartonnées qui vont bien pour les ranger dedans.



Moi, ma maman, c’était plutôt Femme actuelle et déjà je trouvais ça naze. Donc, les magasines féminin, non ce n'était pas pour moi, je pétais bien plus haut que ça, ma p'tite dame. Et puis... Je me suis mise à ELLE comme on plonge dans la drogue, avec un sentiment profond de culpabilité crasse, mais un engourdissement joyeux du cerveau qui m’a hébétée et qui a provoqué une accoutumance fulgurante aux stupéfiants intellectuels cachés dans ces pages. Mais n’est-ce pas après tout ce que cherche chaque camé shoot après shoot : la sensation d’euphorie planante initiée par la première dose, celle qui vide le cerveau et vous fait passer dans un monde meilleur où rien n’est tout à fait réel ?



Oui, je sais, je lis ELLE, je cuisine des muffins et je vais voir des niaiseries à l’eau de rose au cinéma. Et encore, vous n’en savez pas le quart du tiers de la moitié. Ca promet, hein !


Donc, je lisais ELLE dignement confortablement installée avachie dans mon canapé en sirotant une bonne tisane détox en me bâfrant de Nutella à la cuillère quand, coincée entre deux pages de mannequins anorexiques qui tirent la gueule et 5 pages de réclames publicitaires je tombe (aïe) sur cette interview de Julianne Moore. Outre le fait que j’aime beaucoup cette actrice (je ne sais pas, le côté rousse flamboyante, classe, forte et sensible, entre émotion et conviction, me plait), étant comme vous le savez un mouton (bèèèèèèèèèè) je m’intéresse aussitôt à l’article relié au dernier film de Tom Ford A single man (que je n’ai pas encore vu, faute de temps, mais que je compte bien voir prochainement).



Hors, parmi tous les propos, fort intéressants, de l’actrice, une phrase m’interpelle. « Je suis une fille à fille (ou quelque chose dans le genre) » explique tout naturellement la belle rousse.



Nom de nom d’une baraque à frite ! C’est donc ça le secret de pourquoi on l’aime bien ? Parce que c’est le genre de fille que les autres filles aiment, qui ne fait pas peur, qui ne menace pas. La bonne copine à qui vous avez envie de confier vos secrets et avec qui vous êtes prête à partager une séance chez l’esthéticienne à vous épiler les aisselles? Celle qui est super sympa, mais pas prétentieuse, le canon tout en jambe qui ne menace pas de piquer votre mec. La fille à fille, c’est le graal des cantines d’entreprise, la valeur sûre recherchée pour vous accompagner au Club Med Gym.



Hors le pendant de cette vérité universelle m’a aussitôt frappé. Car s’il y a des filles à filles, il y a inévitablement les autres, les filles à mecs. Pas les mangeuses d’homme, non, pas les garçons manqués, non plus. Les filles qui ont plus de « potes » et pas vraiment de bonne koupine. Celles qui se sentent un peu différentes de leurs comparses, un peu mise à l’écart des soirées pyjamas et qu’on n’a jamais invité à se peinturlurer les ongles en bande sous prétexte qu’elles se sentent à l’aise à boire des canons en en écoutant ACDC et en parlant cul.



La rivalité entre les deux camps est totale. D’un côté, les filles à filles, emmitouflées dans leur pyjama en piloupilou relèguent leurs adversaires au rang de harpies castratrices, qui piquent les mecs comme on collectionne les petits angelots en porcelaine grâce à la mise au point de leur technique fourbe auxquelles les hommes (ces abrutis) se laissent prendre comme des débutants : celle qui consiste à être la bonne copine, une fille en moins chiante et plus marrante, un peu comme un pote mais avec des nichons. La fille de la bande. (Technique qui marche moyennement il faut le dire, ou alors auprès d’un public masculin très restreint, mais les hommes n’aiment rien tant que de se plaindre de leur copine chiiiiiiiiiiiiiiiiante, et de lui montrer en exemple Annette, qui rote qui pette et qui ne leur prend pas la tête… mais qui à part voir l’intérieur de leur braguette n’a aucune chance d’être leur poulette !)
Et les filles à mecs, pour se venger, un peu vexées de ne pas se faire inviter à manger des macarons chez Ladurée, ont décidé que les filles à filles étaient simplement des greluches un peu nunuches, plus intéressées par le bronzage de leur raie des fesses, et les poils de torse de Brad Pitt que par les sujets important de la vie.



Un peu comme si le monde était divisé entre les lectrices de Closer et celles de Psychologie magasine.

Flippant.

Finalement, le pire ennemi de la femme ne serait pas l'homme. Mais bien la femme. N'avez vous pas remarqué qu'il n'y a pas pire mysogine qu'une femme elle-même? Que la plupart des réflexions que se permettent les femmes entre elles, aucun homme n'aurait osé les faire.

Il parait que la "misogynie" féminine exprime une « envie de pénis ». Que chaque petite fille s'aperçoit un jour que les garçons ont quelque chose qu’elles n’ont pas, un plus par rapport à elles et que cela cause une vraie blessure narcissique, qui ancre définitivement en elles l'idée qu'elles, en tant que femme, représentent « moins ». Aujourd’hui, on élève les filles en leur disant qu’elles ont autre chose... quoique...Longtemps j’ai cru que j’étais une fille à mec, me sentant un peu étrangère à l’univers rose bonbon auquel on voulait absolument me faire adhérer. J’avais de copines, ça oui. Je n’ai jamais été du genre associale (même si j’assume de plus en plus mon besoin de tranquillité méditative). Mais je ne me sentais pas pleinement moi-même avec elles, pas en paix avec ce que j’étais vraiment et j'intuitais, quelque part, que je trahissais la confiance que j’avais mis à l’intérieur de moi. Après le bac, je me suis retrouvée dans un univers exclusivement masculin ou presque, et là, je me suis immédiatement sentie à l’aise. J’appréciais en fait surtout le fait d’être reconnue comme différente et d’avoir ainsi un traitement à part. J’étais enfin en accord avec ce que je ressentais. Mais finalement toujours pas en paix. Ni à l’aise avec les autres filles, ni faisant parti des mecs…
Hors en vieillissant (j’adore dire ça, ça me rend si saaaaaaaaaaaaaaaage !), on ne change pas vraiment, mais on apprend à s’accepter. Et j’ai appris : qu’au-delà du cliché des filles qui jouent à la maman et qui ne parlent que de maquillage et des mecs beaufs qui pètent en lisant l’équipe et pour qui PES ne veut absolument pas dire Plan d'Epargne Salarial, il y avait d’autres vérités, bien plus nuancées. Des femmes qui jouent à Tétris et cherche LE rouge à lèvre qui ne tache pas, ça existe. Tout comme des hommes qui vont voir des expos d’art contemporain sans qu’on les traine de force, ça existe également.


Mais les clichés nous rassurent, car ils ont le grand avantage d’enfermer les gens dans des cases. Et rien ne fait plus peur que ce qu’on ne peut pas définir et donc classifier.
Finalement tout ces préjugés ne découlent que d'une seule et même source: le manque de confiance en soi. Et le manque de connaissance de soi. Et bien sûr de son rapport avec papa et maman qui vont ont forcément collés les pires névroses de la terre (les salauds!)

Car cette manière d'appréhender la féminité est souvent insufflée par le père ou la mère... avec leurs propres choses nonréglées... et les problèmes qu'on peut avoir dans la communication ou le rapport avec eux, que la père soit excessivement sexiste et rabaisse le rôle ou la valeur de sa femme (même de manière détournée) ou que la mère ait projeté sur sa fille la façon dont elle avait elle-même investi sa propre féminité...

Je n'ai pas été longtemps une viande à divan, mais ma psy a quand même trouvé le temps de me demander (au détour d'une conversation qui n'avait rien à voir avec le sujet initial et où on abordait justement cette relation particulière homme-femme, comme quoi elle est trop forte Marianne - le nom de mon ex-psy): "Vous dites que vous vous sentez plus à l'aise avec la gent masculine mais vous avez choisi une femme pour psy, pourquoi selon vous?"
...

Les psys... c'est rien que di kounasses! :P


Alors, hein Julianne, la prochaine fois que tu te vantes dans ELLE d'être une fille à fille, moi je t'envoi Marianne.

Elle va te moucher!


« prenez moi pour un homme ou une femme, comme vous voudrez [...], je ne suis ni l’un ni l’autre, [...], je suis un être »,  George Sand - Histoire de Ma Vie

2 commentaires:

  1. J'ai failli me sentir ni l'une ni l'autre et quand je suis arrivée à : " à l’aise à boire des canons en en écoutant ACDC et en parlant cul" je me suis dit à voilà, ça c'est tout moi. Ouf, moins une et j'étais rien !

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