L'arnacoeur: la bonne surprise du cinéma français

Ce soir c’est le week-end pour tout le monde ou presque (d’ailleurs, ayons une petite pensée émue quoique sardonique pour ceux qui bossent demain ou après demain ! hin hin hin !!). Ce soir c’est le week-end donc, et vous vous demandez sans doute comment occuper tout ce temps libre qui vous tombe dessus, là d’un coup, fou que vous êtes de votre travail, et cachant l’amour irrévérencieux que vous portez en secret à votre patron.

Non ?

Patron si tu lis ces lignes, moi je t’aime d’amour et je suis super mais alors super triste de ne pas te voir pendant 2 jours, je pense d’ailleurs que je vais abandonner mon droit aux congés payés et aux RTT et dédier dès à présent mes samedis et mes dimanches à boucler les dossiers de mes collègues en retard.

Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan ! Ji découne !

J’adoooooooooooooooooooooooooooore, le week-end, et pas plus tard que mercredi dernier, je me demandais si c’était moi ou si ils n’avaient pas rallongé les lundis et les mardis par hasard (encore un coup des petits lutins ! Saletés de lutins !).

Enfin bref, fidèle lecteur, en mal d’idée pour t’occuper ce week-end, tu as atterri (pas par hasard n’est ce pas… on peut toujours rêver) sur le bon blog, car je te propose un très bon film pour occuper ton samedi : L’Arnacoeur.

Autant vous le dire tout de suite, à la base une comédie romantique française (aïe) avec romain Duris (ouïe) et Vanessa Paradis (mouais), je n’étais pas vraiment partante pour tenter l’aventure.

Non, parce qu’en France, les comédies romantiques, on ne sait pas faire. Les comédies, on sait… juste pas romantiques.

Par exemple, des comédies dramatiques (excellentes au demeurant), poignantes et sensibles, un peu larmoyantes, à base de personnages brisés et de fractures humaines, ça oui. On en sort des centaines par an, on adore ça (Je vais bien ne t’en fais pas, va vis et devient…). Des comédies de mœurs, un peu désabusées sur la crise de la 30-aine, 40-aine, 50-aine, 60-aine et la peur de l’engagement (le cœur des hommes, le premier jour du reste de ta vie…) à la limite… sinon ce sont des comédies humoristiques, un peu (voire très) potache, fort divertissantes mais loin de Coup de foudre à Notting Hill (Des bronzés à Camping, on ne compte plus les chefs d’œuvre du genre).

Je ne sais pas pourquoi… est-ce qu’on n’arrive pas à assumer le caractère niaisement douçâtre et improbable du genre ? Trop intellectuel le français ? Un poil désabusé ? A chaque fois que je visionne une comédie romantique française, cela me donne l’impression que le réalisateur, après avoir tenté une pointe de romance, s’autocensurait volontairement avec une trait de cynisme, ou d’humour potache, s’étant vu et reconnu un peu mièvre dans le miroir et ayant tout à coup peur de tomber dans le ridicule du non intellectualisme parisien. Ca c’est bon pour les américains ces dégénérés du cerveau, sales bouffeurs d’hamburgers transgéniques et futurs obèses décérébrés ! Car il faut le savoir, mieux vaut être totalement pipi caca et l’assumer comme on assume un anticonformisme salutaire (exemple Valérie Lemercier) que de se faire pincer en plein délire niaiseux de guimauve sucrée. A la limite il y a eu Ensemble c’est tout… mais franchement merci Gavalda de l’avoir assumé dans le monde de la littérature française auparavant.

Donc, vous avez compris, une comédie romantique française, j’étais plutôt sceptique. Surtout que moi Romain Duris, c’est viscéral, il me colle des plaques de boutons sur le derrière, à me faire suer des aisselles comme une prostituée plongeant dans un bénitier. Je sais pas… sa gueule de travers et son air de p’tit con prétentieux, éternel adolescent en crise de la trentaine avec des problèmes d’engagement, ça me donne envie de lui coller des baffes. Tiens, tiens, dans ta gueule Romain !!!!! Alors que certainement c’est un très gentil garçon. En tant que vraie personne de la vraie vie je veux dire. C’est juste qu’il se choisi toujours des rôles comme ça… sans doute… allez savoir.

Et puis Paradis… bon ben voilà quoi… une nana aussi belle, gracile et talentueuse dans tout ce qu’elle fait (et mariée avec Johnny Depp, la pétasse !!!!!!) moi ça m’énerve encore plus que le Duris.

Mais comment j’ai fini dans une salle de cinéma à aller voir ça alors ?

Pour tout vous dire, le bulot aurait pas joué au boulet avec les horaires (genre monsieur a un travail sérieux qui l’empêche de sortir en pleine réunion pour venir rejoindre sa chérie au cinéma), je serais en train de vous parler du dernier film de Di carpaccio de bœuf , qui me tentait nettement plus sur le papier. Enfin bon la critique était bonne…

Le synopsis est simple, je vous le copie-colle direct depuis allo ciné:

Votre fille sort avec un sale type ? Votre sœur s'est enlisée dans une relation passionnelle destructrice ? Aujourd'hui, il existe une solution radicale, elle s'appelle Alex. Son métier : briseur de couple professionnel. Sa méthode : la séduction. Sa mission : transformer n'importe quel petit ami en ex. Mais Alex a une éthique, il ne s'attaque qu'aux couples dont la femme est malheureuse.

Alors pourquoi accepter de briser un couple épanoui de riches trentenaires qui se marie dans une semaine ?

Et bien pour une bonne surprise, ce fut une très bonne surprise. Dès la première scène, vous êtes mis dans le bain, le rythme est donné et ne va plus jamais se ralentir, enchainant situations cocasses et charmantes. C’est drôle, très drôle, sans jamais verser dans l’humour crasseux. C’est mièvre, juste ce qu’il faut sans jamais être bébête. L’histoire est complètement improbable, mais vous donne envie d’y adhérer pourtant, emporté que vous êtes par la mise en scène du réalisateur qui ne vous laisse pas vraiment souffler. Cela sent le soleil et la bonne humeur. Un vrai bonheur !

Au début du film j’ai été effrayée par la maigreur de Paradis, qui accuse des traits un peu marqués avec l’âge sans doute, et qu’on remplumerait bien à coup de beurre de cacahuète (il les aime vraiment genre tige squelettique le Depp décidément, après Kate Moss!). Faites la manger cette pauvre fille, elle va se casser !!! Et puis, on s’habitue et la grâce naturelle de la jeune femme reprend le dessus. Elle rayonne, littéralement.

Je dois reconnaître que Romain Duris est parfait : un vrai salaud et qui l’assume, mais qui est, malgré tout, très attachant dans sa médiocrité. Parce qu’il est drôle, tout simplement.

Quand à Julie Ferrier et François Damiens, ils sont juste parfaits et portent complètement les personnages principaux par leur humour toujours juste, sans manquer de profondeur d’ailleurs. Ils sont eux aussi touchant en petit couple atypique. On croit qu’une scène va sombrer et paf, les voilà et tout repart ! Enfin des seconds rôles presque aussi travaillés que des premiers !

On retrouve le gros méchant très très méchant, la copine nympho, le prince charmant parfait, le père de la mariée en gros nounours bougon. Il y a des scènes véritablement cultes : Romain Duris et François Damiens en pleine répétition de Dirty Dancing et plein d’autres détails que je vous laisse découvrir car je ne veux pas vous gâcher le plaisir.

On ressort de là le cœur léger, et avec un grand sourire aux lèvres en ayant passé un excellent moment, complètement séduit par le pétillement qui se dégage de cette flute de champagne audiovisuelle, qui fait certes, un peu tourner la tête, mais sans mal de crane le lendemain, même si il ne s’agit pas du plus grand cru du cinéma.

Au vu des frétillements du bulot sur son siège et du grand sourire qu’il avait en sortant du cinéma, je le soupçonne d’avoir laissé trainer sa réunion exprès, le bougre !

Mon Dieu… le bulot est une midinette !!!

PS: A sa décharge, j'ai rarement vu une salle aussi survoltée, qui s'esclaffe et tape des mains, complètement désinhibée... donc si tu es un poil snobesque de l'art cinématographique qui s'apprécie en silence et sans pop corn, passe ton chemin, hein!