24 mars 2010

La grève c'est même plus ce que c'était ma bonne Lucette

Et non ma bonne Lucette, la grève ce n'est plus du tout ce que c'était. Vous l'avez senti passée la grève hier, vous? Franchement, moi non... je suis peut-être une des rares chanceuses. Mais j'ai tellement galérée auparavent que j'ai des doutes. Ben oui... Souvenez-vous... la France paralysée, les cheminots dans la rue, les écoles fermées… tout ça c’est fini. Maintenant avec le service minimum, une grève c’est juste une ligne de plus dans le journal, quelques trains de supprimés, comme le disait mon pote Nico : les grèves on ne les voit même plus. Alors que franchement, une bonne grève bien saignante, c’était la galère mais yavait du sport et de la sueur. Non ?



Petit moment nostalgique. Souvenez-vous. Récit d’une ancienne combattante de grève.



La grève, quand on mesure un mètre vingt, ce n'est que du bonheur !



Attention, je ne dis pas que quand on mesure un mètre quatre vingt, c'est moins relou et plus supportable, non, non, non ! Mais franchement, avoir le nez au niveau des aisselles de son voisin, je ne vous fais pas un dessin, c'est loin d'être la panacée.



Et encore, ça serait limite supportable de se bouffer les odeurs corporelles de Monsieur « je me lave à la pisse de chat » si seulement il y avait un peu d'air!!!



Car quand on mesure un mètre vingt et qu'on est noyée dans une marée humaine, et bien, tout est dans l'expression : on est noyé !



Je m'explique:



On a les pieds qui partent vers le devant sous l'effet de la poussée, le buste qui a tendance à opposer une résistance qui vous pousse vers l'arrière, genre tête à l'envers, les bras entremêlés à son voisin de gauche, parce qu'on a bêtement pas voulu lâcher son sac à main (faut être bête aussi, je vous jure !), et la tête scotchée au sac à dos Quetchua du type de devant (j'ai encore l'étiquette imprimée sur ma joue gauche si il vous faut une preuve) qui émerge tant bien que mal entre tous ces gens qui ont du avoir une réduction de masse sur la soupe quand ils étaient petits, car croyez moi, pour être si grand, c'est qu'ils ont du en bouffer des louchées !







Au bout de 2 minutes de fermeture des portes, vient le syndrome dit, du poisson rouge ! C'est un syndrome seyant et fort amusant pour un imbécile qui serait placé à l'extérieur de la rame à vous observer, bêtement. Le crétin ! Je m'explique : sous l'effet du réchauffement de l'air au ras du sol (où vous vous trouvez car vous mesurez toujours 1m20, depuis tout à l'heure cela n'a pas changé), du à la présence dense de personnes aux métabolismes exacerbés par l'énervement et le stress, et donc fonctionnant comme des bons radiateurs d'une centaine de watts, sous l'effet du réchauffement de l'air ambiant donc, vous vous mettez à prendre la couleur d'une belle tomate bien mûre, et à respirer sporadiquement l'air appauvri en oxygène par la bouche, genre poisson hors de l'eau, l'œil glauque et la mine déconfite en prime. Pop, pop, pop (tentative pitoyable d'imitation d'un poisson rouge... désolée !) Bref, vous avez saisi le concept...


Lorsque vous pensez que vous êtes sur le point de mourir d'asphyxie, et êtes déjà en train de virer de l'œil, quand vous êtes à la limite de rendre votre 4h, c'est là où miraculeusement la rame s'arrête, les portes s'ouvrent, et l'air frais rentre... ahhhhhhhh !!!

 

Et les gens sortent... 



Vos pieds, qui étaient devant partent en arrière, votre buste replonge vers l'avant, vous récupérez tant bien que mal votre sac et lui évitez un piétinement suivi d'un lynchage en règle, vous arrivez péniblement à dé-scotcher votre joue gauche du sac Quetchua du type de devant pour vous replonger dans le coude du type de derrière, que vous prenez négligemment dans l'œil, en passant.


Et là, les gens rentrent...




Que dire... comparer le flot d'hurluberlus se jetant sur vous à une horde de pachydermes en rut, à un nuage de sauterelles destructeur, à une attaque de lions de cirque nourris au yaourt depuis 3 semaines, serait d'un lyrisme bien trop enlevé pour décrire l'atrocité de l'événement qui se déroule sous vos yeux et dont vous êtes, bien malgré vous l'acteur forcé!


Ces gens veulent du sang et ils en ont après votre derche voilà la vérité !

 

Tayaut !

 

Sonnez l'hallali !

 

Messire fuyons, c'est affreux, on va tous mourir !

 

Vous vous recroquevillez sur vous même et protégez votre visage (et votre sac, non mais au prix qu'il m'a coûté faudrait pas exagérer non plus) de vos mains, retenez votre souffle en espérant que si vous prétendez que rien ne se passe, il ne va effectivement rien se passer, mais rien n'y fait !



Boum !



L'impact à lieu !



Chabal peut aller se rhabiller, vous êtes un héros, vous venez de vous prendre une poussée de 490 kilos dans les côtes ! Vous retrouvez donc, avec joie, votre état premier, décrit un peu plus haut, c'est à dire les pieds devant, le buste en arrière, la tête collée au sac à dos du type devant, niveau visuel version poisson rouge asthmatique, écrasé... Rien que du bonheur je vous ai dit !



Et là, il reste toujours les mous du genou, mais pas moins acariâtres pour autant, sur le quai ! Les têtes en l'air, les non combatifs, les idéalistes qui voient passer les rames bondées depuis 1h15 et qui se disent : non, j'attends la prochaine ! Sauf que, allez savoir pourquoi, d'un coup, c'est cette rame là qui leur plait ! Non, non, non, il n'y a pas à discuter, il FAUT qu'ils rentrent dans celle là, c'est une histoire de vie ou de mort !


Et donc, vous vous entendez dire : « Avancez !! Yen a qui veulent rentrer ! On bloquera le départ du train tant qu'on pourra pas rentrer ! Avancez, on a vu qu'il y avait de la place au fond ! »





Alors là, c'est bête, vous êtes complètement bloqué, la bouche ouverte et les membres en vrac au milieu de 150 autres personnes, sinon vous iriez bien lui arracher personnellement les tripes à la petite cuillère pour lui faire manger avec de la sauce piquante à cet empaffé!! C'est bête ! Vraiment dommage ! Il ya des meurtres d'une beauté sans précédent qui se perdent comme ça parfois...



Bref.



Evidemment, vu qu'il n'y plus la place de glisser une feuille de papier entre vous et votre voisin, vous en avez justement déduit que ces pauvres abrutis ne rentreraient jamais. Chose qu'ils ne font pas effectivement, sauf qu'ils mettent un bon quart d'heure avant de se résigner (enfin résigner est un bien grand mot... au petit cri perçant que j'ai cru deviner avant la sonnerie annonçant la fermeture des portes, il semblerait plutôt qu'un pied muni d'un talon aiguille ou d'une coque armée ai négligemment dérapé sur la cheville ou l'orteil de l'indélicat bloqueur, l'amputant ainsi pour 5 bonnes minutes de sa fonction pédestre, mais lui faisant lâcher prise, ce qui, il faut bien l'avoué, à permis d'éviter un drame : en l'occurrence, l'étripage d'un abruti de première par une foule en furie !



Et enfin, enfin... au terme de cette lutte sans merci, de ce combat acharné entre vous et le monde entier, vous finissez par arriver à bon port, à vous extirper de la rame sans trop perdre de peau (juste un peu, mais de toute façon ce bout là vous n'y teniez plus trop !) et vous vous retrouvez sur le quai, hagard, les cheveux en bataille, les vêtements en désordre, le visage rouge et suant, vous rassemblez toute votre dignité et sortez de la gare la tête haute...



Et le soir même... on remet ça !!!




 

Ceci dit, les grèves étaient aussi l'occasion d'assister à de petites saynètes amusantes et tendres... un vrai concentré d'humanité !



Vu dans le métro.



Un grand gaillard, 1m90, pareil au niveau des épaules, genre Chabal ayant bouffé des hormones. Debout. A ses côtés, enfin au milieu de l'ensemble de gens aglutinés, une petite dame, 70/80 ans au bas mot, croulante sous son tas de commission toute ratatinée et fatiguée. Assis: 2 jeunes, genre en plein mouv' tecktonik, écouteurs sur les oreilles!



Notre grand gaillard avise, regard vers la dame, regard vers les jeunes... PAN! Coup de pied dans le slim ajusté! Le jeune lève les yeux, furibond, et se retrouve face à un concentré de testostérone qui fait 2 fois sa taille. Hésitation.



Le gaillard: pas un mot, hochement de tête vers la dame, mouvement du menton vers l'autre jeune. Petit sifflement. Nos 2 jeunes se lèvent, en se frottant les tibias.



Petit signe à la dame, qui lève la tête, constate la situation, semble appercevoir le messis et s'assoit toute contente.



Pas un mot n'a été échangé, mais moi je rigolais toute seule.



Personne n'a vraiment osé s'assoir à la deuxième place... enfin au moins pendant 2 min!






Allez Nico, ouvre un peu ta grande gueule quoi, qu'on ait le droit à une bonne grosse grève, zut à la fin.
 
 
 
PS: Attention, je ne cherche pas à minimiser l'action sociale ni le combat de ceux qui effectivement étaient en grève hier. Ce billet est à caractère purement divertissant et humoristique. Je respecte profondément le corps enseignant et la SNCF (quand je ne les maudis pas purement et simplement ces infâmes batards qui suppriment des trains et sautent des arrêts sans raison particulière... Grrrrr).

1 commentaire:

  1. C'est tristement exactement ça !
    Tu passes sur les gaz toxiques et les toucheurs de nichons avec le coude, mais ça n'a pas du échapper à ton oeil (nez ? nerfs ?)...
    Courage ! plus que 2 jours avant le week end !

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