15 mars 2010

Venise

Avec une petite semaine de décalage voici (enfin) nos aventures à Venise ! Vous les attendiez (ou pas), en tout cas les voilà !!



Et l’aventure ne commence pas très loin. L’aventure commence, gare de Bercy.


Gare de quoi ? Ya une gare à Bercy ???


Voilà à peu près ma réaction lorsque le bulot m’a agité sous le nez nos billets pour la sérénissime. Ca aurait du m’alerter pourtant, un train qui part d’une gare que personne ne connait.

Ben oui. Ya une gare à Bercy. Toute belle, toute moderne, toute en verre. On dirait un aéroport, on s’attendrait presque à se faire fouiller l’entrejambe à l’entrée. Sauf qu’en vrai il y a à peine 3 quais, 2 agents de gare et… nous. Et les 400 autres péquenots entassés dans le même train. Mais ça, on y reviendra plus tard.

Quand on a commencé à planifier notre excursion à Venise, mon homme m’a immédiatement vendu, petit trémolo dans la voix et étoiles dans les yeux, l’arrivée en train au petit jour sur la lagune. So romantic mon homme.

Moi, j’ai tout de suite pensé : Venise Simplon orient express, wagon en bois, banquettes en cuir, ma pomme et Agatha en train de prendre l’english tea avec une pointe de lait dans mon eau chaude… Big mistake (comme dirait pretty woman) !

Arrivés à la gare (où personne ne va jamais), puis sur le 3ème (et dernier) quai (au fond à gauche), nous voilà devant le train. Regard en biais au bulot qui dégluti péniblement, rapport qu’il sent que son baratin s’est fait repérer. Il faut voir le bon côté des choses : nous allons voyager dans un train-musée, qui relègue les petits gris parisien au rang de joyau de modernité. Expérience unique en son genre !

Lorsque nous nous présentons à notre « cabine », nous sommes accueilli par 4 sourires crispés (expérience d’approche similaire à la notre faut croire) laissant sous entendre qu’on aurait pu se passer d’être là, ça aurait fait plus d’espace à vivre. Regard en biais au bulot, qui s’étouffe presque de manière non dissimulée dans son écharpe. Positive thinking : plus on est de fou plus on rit et au moins on va se tenir chaud cette nuit.

Ca pour avoir chaud, on a eu chaud. 6 personnes dans quelques m3 pendant 12 h c’est 6 chauffages à fond, les odeurs en plus. Et là, quand il s’est retrouvé sur sa paillasse, à rentrer au chausse pied et avec les accoudoirs du dossier de la banquette (le dossier une fois rabattu sert en fait de base au lit du milieu) dans le nez, je crois que le bulot aurait vendu sa mère pour ne pas avoir eu sa putain d’idée et avoir pris l’avion comme tout le monde.

Au final c’était plutôt rigolo. On a fait nos français, on a râlé (pour la forme), mais était comme des gosses dans leur cabane avec leurs lampes torches à faire semblant d’être des explorateurs, tout excités par la nouvelle aventure. Et moi (à contrario de l’homme) j’ai plutôt bien dormi, genre comme une masse. Il parait que nous avons eu une invasion d’hippopotames hilares vers Dijon, mais j’étais déjà plongé dans les limbes d’un sommeil profond (sommeil que je n’ai pas vraiment retrouvé depuis bizarrement…)


Arrivé à Venise première grande joie : la malédiction du mauvais temps nous avait quitté et un énorme soleil nous attendait par -15°C bien tapés. Ni une ni deux, nous avons fait les bons touristes qui se respectent et sautés dans le premier vaporetto qui se présentait. Moment unique… on a beau avoir vu l’endroit une vingtaine de fois dans les magasines, les reportages télé, photo etc. rien n’y fait, la magie du lieu opère et on est subjugué par le murmure de l’eau qui coure et la majesté du soleil levant qui miroite dans le canal et inonde de lumière les façades flamboyantes des palais de style gothique, renaissance, veniso-byzantin, flamboyant, décadent, en un mot : beau.

Le bulot et moi-même étant des aventuriers (ventre sur patte) nés, nous sommes descendus à un arrêt au pif dont le nom nous plaisait, en quête d’aventure d’un petit déjeuner. Une boulangerie se présentant à nous ah ben ça ça tombe bien alors l’homme a pu s’adonner à dans son activité favorite: la dégustation de la gastronomie locale, si possible pâteuse et gluante (secondé il est vrai par son wingman en la matière, en l’occurrence moi-même) au bord d’un canal (le premier des 3546 canaux que nous devions arpenter ce week-end là). Puis nous avons baguenaudé au hasard: le marché près du Rialto, les échoppes à touristes, les petites ruelles du quartier San Marco, avant d’arriver sur la fameuse place (noire de monde à mon goût, mais complètement désertique au dire du bulot qui avait déjà testé les grandes affluences estivales de la ville).
 

Bon, je ne vais pas vous faire le récit détaillé de tout ce qu’on a fait, parce que 1) c’est long, et que 2) ça risque de vous saouler (et je vous comprends !).

Donc pour faire court:


1er constat : contrairement à ce que je pensais les vénitien ne font pas vraiment tout en bateau, c’est un gros mensonge. A part quelques bateaux à moteur qu’on voit émerger de temps en temps avec des sacs à provisions ou des brouettes pleines de ciment (véridique !) la plupart des embarcations sont des gondoles à touristes.

Personnellement, avoir un type qui vocifère (car il faut le savoir le gondolier vocifère, pour vous rabattre d’abord, puis pour engueuler les gens qui font des choses stupides d’après lui ensuite – ou la concurrence déloyale, allez comprendre, nous on n’a pas vraiment tout compris – pour taper la discute lorsqu’il croise un collègue, enfin) avoir un type qui vocifère qui vous pousse à ras de l’eau pas très propre dans des bateaux tout noir, ça ne me tente pas plus que ça. D’ailleurs Oscar Wilde comparait le tour de gondole à « une promenade dans les égouts à bord d’un cercueil » (charmant cet Oscar !).

Donc à part le vaporetto (qu’on a pas mal utilisé vu qu’on avait pris le pass 2 jours), on a surtout marché, marché, marché.

D’ailleurs la meilleure manière d’appréhender Venise c’est de se perdre, et ça, ça va, on a bien saisi comme concept : on a sillonné la ville jusque dans ses coins perdus, qui ne doivent jamais voir les touristes et on a vu de tout, des beaux palais, aux vieilles maisons qui tombent en décrépitudes, des places ensoleillés aux impasses humides où la mousse est reine, des grands canaux aux petites rigoles poétiques ou une gondole passerait à peine et où émerge comme par miracle un pont. Pas ou peu de jardin. Pas ou peu de touriste. Pas ou peu de pigeon.


2ème constat : Il y a un proverbe qui dit qu’à Venise on y mange si mal et on paye si cher… et bien nous, tout au contraire on a très bien mangé pour pas si cher que ça : des grosses plâtrées de pâte al dente, des sardines al saor, des poissons grillés, de la polenta, des pizzas gargantuesques, du tiramitsu et autre pana cota ultra crémeuses, des petits vins de la casa le tout toujours accompagné de 3 t de gressins pour 15-20€ par repas par personne, soit pas beaucoup plus cher qu’à paris pour un entrée-plat-dessert + vin. Il faut dire qu’on avait laissé tombé le guide du routard (qui donne toujours des adresses que eux disent typique, mais en fait pourries), au profit du lonely planet qui ne nous a pas déçu une seule fois (mais on a fuit comme la peste tout ce qui était autours de la plaza San Marco… on a quand même regardé le prix du café au Florian, pour rire… 6 euros l’expresso… ce qui n’est pas si cher en soit pour une fois dans sa vie, mais qu’on s’est nié à payer : par principe !)

On a logé également dans un bed&breakfast ultra sympathique, avec une gardienne qui parlait avec les mains et était d’une gentillesse rare, souriante, prévenante, rien à voir avec l’air de dogue en colère des serveurs parisiens qui vous engueulent presque lorsque vous osez leur demander pardon d’avoir osé exprimer une requête.

Le tout à deux pas du ponte de la accademia (en plein centre) dans une suite (comprenez avec les toilettes dans la chambre) avec vue sur le canal et sur le jardin !! La magie de la hors saison… parce que


3ème constat : A Venise, début mars, il fait froid (très froid) et beau (oui, plutôt beau) et surtout, il n’y a pas de touriste. On a eu la ville pour nous tout seul (ou presque), à tel point que c’était un peu flippant par moment, de se balader dans ces rues désertes, sans un bruit… un peu triste parfois, un peu comme un dimanche après midi dans un bled de campagne reculé…



Au final on a eu très froid, on a marché des kilomètres main dans la main ou pas, on a flâné le long de l’eau, lézardé au soleil ou frissonné au soleil couchant, on s’est laissé envouté par la ville, l’accueil, l’atmosphère et on était tout triste le dimanche soir de retourner à notre train-musée où, ironie du sort et des réservations, on a retrouvé nos compères de l’aller. Et on a retrouvé nos couchettes aussi, un peu épuisé, un peu nostalgique déjà de la ville et des bons moments partagés, et la tête pleine de souvenirs heureux…


Et on a plus pensé à se plaindre bizarrement…



Allez, je ne résiste pas à l'envie de vous mettre un petite citation de mon poto Phill:


La peu galante différence entre une ville et une femme réside dans le fait qu'on peut encore parcourir avec jubilation une cité dont on connaît chaque recoin. D'où la supériorité de Venise sur Denise.

Philippe Bouvard



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