Vous l’avez sans doute remarqué cet été le sexe fait vendre, et tous les magasines s’en donc donné à cœur joie dans le racolage.
Vivez pleinement votre sexualité
L’été de tous les fantasmes
Le sexe n’est pas une compétition
Comment s’épanouir enfin au lit
Pourquoi les magasines parlent-ils tous de sexe ? (sic)
Etc.
Au milieu de tout cela, une voix un peu différente s’élève, celle de Peggy Sastre, l’auteur de No sex, un essai qui n’est ni pour ni contre le sexe ou la pornographie, mais sonne juste comme un appel à la tolérance et à l’ouverture envers l’asexualité.
L’asexualité c’est quoi ?
Ni puribonderie, ni abstinence. L’asexualité, au même titre que l’homosexualité se veut être une orientation sexuelle, une absence complète de libido qui ne nait ni d’un traumatisme, ni d’un choix mais correspond à ce qu’est profondément la personne. Les asexuels ne connaissent donc pas vraiment la frustration sexuelle, ni ne se sont engagés dans un quelconque militantisme. Ils entendent simplement vivre leur non sexualité, au-même titre que le reste de l'humanité, sans jugement, et sans être considérés comme des malades mentaux.
Faire accepter l'idée qu'on peut être épanoui sans avoir de sexualité.
Faire accepter l'idée qu'on peut être épanoui sans avoir de sexualité.
J’avoue ne pas avoir lu le livre (parait-il riche en témoignages), je ne peux donc pas juger de sa qualité ni de sa pertinence. Je ne veux d’ailleurs absolument pas polémiquer sur l’asexualité. Juste noter son existence. Et ce qu’elle implique donc notre société.
Car cette notion d’asexualité m’a fait réfléchir.
J’ai en effet relevé, dans des interviews et des articles, des idées développées par l’auteure, qui explique que séduction et asexualité sont parfaitement compatibles.
Séduction ?
La séduction n’est-elle pas forcément empreinte d’attirance sexuelle ? Ne veut-on pas avant tout mettre en avant des atouts à caractère procréatifs ou qui rassurent quand à la capacité de l’autre à assumer la progéniture (seins, jambes, hanches, torse musculeux et même argent…) ?
Dans une société où la sexualité et donc l’enjeu de la reproduction serait absente, on pourrait imaginer que le rapport à l’apparence serait complètement différent. Comme inexistant. Il ne s’agit plus de montrer que je suis un bon reproducteur.Hors pourtant Peggy Sastre constate que les asexuels peuvent être coquets.
Mais pourquoi alors ?
Voilà ce qui m’a interloqué. Oui, pourquoi s’épiler les jambes, s’imposer des talons, du maquillage, des boucles d’oreille, claquer du fric dans une grosse voiture, un beau téléphone portable, la dernière chemise griffée à la mode si on se fout de plaire.
Le grand discours du soin de son apparence par respect de soi bla bla bla me fait bien rigoler. Si on s’aime et on se respecte vraiment pour ce que l’on est, on n’a pas besoin de la reconnaissance extérieur et l’apparence n’est donc pas vraiment importante. L’apparence ce n’est pas pour soi, c’est bien pour les autres. Il me semble qu’intrinsèquement c’est une évidence. Et donc pourquoi ce soucis de l’image qu’on renvoie si on se fout de plaire ? Et bien parce qu’on continue de vouloir plaire justement.
L’homme est en effet un animal social. Une société est faite de codes, et ceux qui ne s’y plient pas sont impitoyablement ostracisés ce qui génère une grande souffrance pour ces personnes (sauf cas particulier).
Comme le dit Peggy Sastre : il faut montrer aux autres babouins qu’on est respectable, c'est-à-dire d’une certaine manière conforme à leurs codes de valeurs.Finalement, les asexuels continuent de vouloir plaire aux sexuels (et non sexuel) en se pliant à leurs codes de reconnaissances (qui découlent directement de leur sexualité).
Mais veulent être reconnu par la société dans leur différence sexuelle (qui nie cette même sexualité)…Fascinant.
Il y a une sorte d’hypocrisie je trouve. Revendiquer son asexualité comme un état à part entière, constitutif et identitaire de la personne devrait donc se faire de manière globale, sans concession. Hors là, on veut bien se plier à ceci mais pas à cela et la limite de l’admissible me semble bien floue.
Effet d'annonce raccoleur?
Va-t-on demain devoir écrire des livres sur les mangeurs de yaourt au pissenlit, ou bien ceux qui se rongent le gros orteil du pied devant leur bol de céréale le matin, afin qu’ils ne soient pas considérés comme différents sous prétexte que peu d’entre nous partagent leur pratique ?
Il est vrai que la sexualité est un sujet à part. Il fait parti de ces sujets sensibles, qui gênent, dérangent, interloquent. C’est la base même de notre condition d’homme. Pas de sexe pas de reproduction et donc pas d’existence. Tout comme la nourriture, c’est l’un des seuls besoins vraiment essentiel à la survie de l’espèce.
Je comprends donc qu’au même titre que l’homosexualité, la non sexualité soit subversive puisqu’elle implique l’acceptation d’une partie « morte » de notre société. Une partie nourrie, élevée, blanchit, mais qui n’engendrera pas.Et voilà un raisonnement bien court justement. Car l’œuvre d’un homme ne se trouve pas dans sa progéniture mais également dans ce qu’il a pu faire de sa vie et comment il a pu faire avancer l’humanité. En faisant de l’art, de la médecine, de la recherche…
Tout ça pour dire que ce livre ressemble un peu à un pavé (de plus) dans la mare, sur l’acceptation de la différence (quel qu’elle soit) à l’ouverture aux autres et à la tolérance.
Alors, phénomène de société, de mode ou les deux. Voilà surtout quelque chose qui va faire parler et donc vendre.
C’est l’éditeur qui doit être content.
Oh dis, au lieu de dire que je suis une vieille fille desséchée, on aurait qu'à dire que je suis une asexuelle, ça fait vachement plus branché!!!
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